Régulons la finance pour sauver l'économie réelle!

Normalement, les Verts fonctionnent selon le modèle du "penser globalement, agir localement". Dans le cas du franc fort, cet adage ne fonctionne pas. Toutes les demi-mesures du Conseil fédéral sont certes importantes pour le soutien de l’économie (et des emplois), en particulier celle tournée vers l’exportation du canton de Neuchâtel, mais elles ne changeront jamais le problème systémique que connaît l’économie. Pour ça, il faut agir à l’échelle globale.

La banque nationale l’a fait en achetant des euros en quantités astronomiques pour contrôler le franc suisse. Mais cette intervention aura un coût non négligeable, comme nous le verrons lors de l’élaboration du budget 2012 au niveau du canton de Neuchâtel.

Les chercheurs les plus progressistes en économie (ok, pas les plus courants) le disent depuis longtemps : le plus grand problème de la finance, c’est l’instabilité liée à l’absence presque totale de régulation du secteur boursier. La crise des subprimes et l’effondrement du système bancaire sont une faillite de la finance qui s’est propagée à l’économie "réelle". La crise de la dette des Etats et celle du franc fort, sont également liées à la seule finance mondialisée. On peut aller plus loin en attribuant au système financier une partie des famines (liée partiellement à l’augmentation du prix des produits agricoles qui n’est pas due au jeu de l’offre et de la demande, mais simplement à des éléments spéculatifs).

Toutes les crises financières ont en commun de faire payer les frais à la population, à travers l’effondrement de l’économie (chômage, aide sociale, etc.) et à travers les paquets de mesures que les Etats mettent en œuvre pour sauver les meubles (UBS à l’époque, aujourd’hui soutien au tourisme par exemple).

Le système financier mondial est malade, les crises s’enchainent sans que le monde politique ait le courage de prendre le problème à la racine et imposer une régulation drastique des marchés financiers. Il est temps de le faire. Nos revendications ne sont pas nouvelles et tiennent en quelques lignes :

  • Instauration d’un contrôle des changes.
  • Taxation des transactions financières (Tobin, Spahn, Robin des bois) sur les marchés des changes, actions, obligations et produits dérivés. Le produit de la taxe doit être affecté aux besoins de la population, au niveau mondial : santé, éducation, accès à l’eau et au logement, lutte contre le réchauffement climatique, etc.
  • Remise à jour du Glass-Steagall Act de 1933 qui sépare les banques d’investissements des banques de dépôt ordinaires (abrogé en 1999 aux Etats-Unis).

Encore récemment, plusieurs organisations ont lancé l’idée de la taxe Robin des Bois. Une taxe de 0,05% serait perçue sur chaque transaction financière. Elle permettrait de générer entre 6 et 10 milliards de revenus rien qu’en France, 220 milliards en Europe et ceci, chaque année. Elle permettrait de financer la lutte contre la pauvreté ou les changements climatiques.

Ce n’est pas un délire d’utopistes. La question de la réforme du système financier revient à chaque crise, au plus haut niveau (G20 en 2009 par exemple). C’est Nicolas Sarkozy qui a récemment remis l'idée d'une taxe sur les transactions financières sur la table. Et il y a deux jours, l’ONU s’est intéressée à ces questions et aux moyens d’imposer une taxe financière au niveau mondial.

Le secteur financier est le seul de l’économie à ne pas être taxé. Il est temps de le faire. La Suisse, en tant que grande place financière doit être pionnière et être ambassadrice au niveau international d’une très forte régulation des marchés boursiers, pour le bien de l’économie réelle.

Texte de la conférence de presse des Verts neuchâtelois du 16 septembre 2011. 

« Reportage d'ABE sur le train Débat pour l'élection au Conseil des Etats »