Dérive vers l'inconcevable

J'ai déjà parlé hier de la volte-face du Conseil d'Etat neuchâtelois sur la nouvelle loi sur l'énergie et la presse s'en est largement fait écho aujourd'hui. Je n'y reviendrai donc qu'avec deux nouveautés.

La première - et c'est pour ça que j'ai intitulé ce billet Dérive vers l'inconcevable - c'est la prise de position de Claude Nicati hier soir à Forum. Il a indiqué que la loi "obligerait l'entier des maison y compris les cabanons de jardin qui sont chauffés à des améliorations énergétiques". C'est inconcevable de la part d'un Conseiller d'Etat d'à ce point verser dans la mauvaise fois, la bêtise et le mensonge. Le mensonge car la loi ne parle pas de cabanons de jardin. La mauvaise foi parce que toute loi donne lieu à un règlement d'application sur lequel le Grand Conseil n'a rien à dire, mais que Claude Nicati lui-même est chargé de (faire) rédiger. Dire cela, c'est donc avouer implicitement que le chef du DGT entend de son plein gré mettre les cabanons de jardin dans le règlement d'application. J'espère que la bêtise s'arrêtera ici et que Claude Nicati laissera à la compétence de ses services le soin de rédiger le règlement - dans le cas contraire, chères concitoyens, attendez-vous au pire tant le nouveau chef du DGT n'y comprend rien en matière d'assainissement des bâtiments (et en toute manière de son ressort d'ailleurs).

La seconde chose est plus intéressante du point de vue politique. Les institutions du canton de Neuchâtel sont en effet à l'avant-garde de l'évolution de la démocratie suisse. Le changement de majorité en avril dernier a inauguré une aire nouvelle, celle de l'alternance politique. En refusant le principe de continuité au sein des institutions de notre canton, la nouvelle majorité du Conseil d'Etat inaugure une nouvelle donne politique. Beaucoup d'autres démocraties connaissent ce fonctionnement, depuis fort longtemps. Mais en Suisse, c'est relativement nouveau. Le nouveau paradigme est simple : ce qu'à fait l'ancien Conseil d'Etat n'a pas d'importance et doit être changé ou combattu dès lors qu'il ne respecte pas la nouvelle idéologie au pouvoir. Fondamentalement, l'alternance politique n'est pas mauvaise. Mais est-elle compatible avec notre système démocratique ?

« Mais ils sont oùùùùùù ? Isolez moi ça! »