Sous les pavés, la terre!
« _Un autre monde est possible_ », c’était le slogan des altermondialistes qui, comme moi, ont battu le pavé pacifiquement au tournant du siècle. A l’époque, les cibles étaient reconnaissables : l’Organisation mondiale du commerce, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. On parlait d’axe du mal. Et avec raison, ces trois organisations représentaient la branche institutionnelle d’un capitalisme qui détruit tout sur son passage : les liens sociaux, la solidarité, l’environnement et finalement le modèle économique qu’ils étaient censés défendre.
Aujourd’hui, l’altermondialisme s’est largement désagrégé. Mouvement d’action citoyenne, il a été récupéré, déformé et a finalement perdu son dynamisme. Les gens qui comme moi pensaient que c’est dans la rue qu’on changeait le monde, ont intégré les structures des partis traditionnels, ont abandonné leur lutte ou ont radicalisé le mouvement au point de lui faire perdre sa crédibilité.
La crise climatique change la donne. A l’époque des manifestations de Seattle, Gène ou Davos, en marge du G8 ou du WEF, on en parlait peu. La bête noire des manifestants restait principalement le capitalisme, version ultralibérale. Aujourd’hui, on ne parle plus que de la concentration de gaz à effet de serre dans notre atmosphère et de son corolaire, l’augmentation globale de la température. Et personne ne remet finalement en cause le fait que ces changements seront le moteur de l’économie du XXIème siècle, autant que son destructeur potentiel. Ce qui reste pourtant des combats du début du siècle, c’est l’approche globale du problème et l’indispensable solidarité entre les peuples. C’est la conscience que les problèmes sont interdépendants : les changements climatiques créent la famine, encouragent les guerres et engendrent des mouvements migratoires dont l’ampleur était jusqu’alors inconnue. L’autre idée qui reste, c’est que la société civile joue encore et toujours un rôle essentiel dans le processus qui permettra de changer notre monde.
Les jeunes Verts neuchâtelois seront de la partie, parce que si nous n’avons pas accès aux salons feutrés du _Bella Center_ de Copenhague, nous ne serons pas très loin, pour que nos voix soient entendues et parce que dans le parcours d’un écologiste, la Conférence sur les changements climatiques représente sans aucun doute l’événement d’une vie. Le Sommet du climat concentre les espoirs et les attentes d’une grande partie de l’humanité. Espoir qu’ensemble nous réussissions à nous responsabiliser pour diminuer notre impact sur la planète et espoir de changer notre économie, vers plus de solidarité, vers plus de cohérence. Cet espoir demandera à chacune et chacun de nous de faire des efforts, localement et globalement, individuellement et collectivement.
Puissent les chefs d’Etat et négociateurs des 193 pays représentés à Copenhague entendre cet appel. Ce n’est que dans le dialogue et la concertation que nous trouverons une solution courageuse qui convienne à tous. Les décisions des deux prochaines semaines sont essentielles pour l’avenir de l’humanité, ayons ensemble le courage d’affronter ces défis et de les transformer en opportunités.

