Discours AG du 27 mars 2010

L’année 2009 a été désastreuse à plus d’un titre. La crise financière des années précédentes s’est étendue à l’ensemble de l’économie. Dans le canton de Neuchâtel, nous avons, éphémèrement certes, été pour une fois premier de classe, avec 7.3% de chômage en décembre, à égalité avec Genève. L’aide sociale a atteint pour la première fois de l’histoire neuchâteloise (je n’ai pas été cherché très loin, mais c’est une certitude) plus de 10'000 personnes ou 6% de la population. Parmi ces personnes, plus des trois quarts y sont « en ayant un travail », elles émargent à l’aide sociale parce que leur salaire ne leur permet simplement pas de vivre. Elles y sont parce que le chômage ne couvre pas leurs besoins ou parce que les nouvelles directives de la Confédération en matière par exemple d’assurance invalidité ne les prend plus en charge. Elles y sont parce que, ces femmes et ces hommes élèvent seuls leurs enfants (30% des familles monoparentales neuchâteloises sont aidées par l’aide matérielle). Parmi elles, 15% ont entre 18 et 25 ans et commencent leur vie d’adulte avec un pied dans l’aide sociale. Tout un programme quand on sait (c’est la CDAS qui le dit) que ces personnes ont toutes les peines imaginables à s’en extirper…

Et pendant ce temps, dans les salons feutrés du palais fédéral, la droite du pays en rajoute une couche. La révision de la Loi sur l’assurance chômage est une honte, elle fait porter à ceux qui aujourd’hui sont les plus fragiles et les plus touchés par la crise, une partie prépondérante des efforts d’assainissements : les jeunes et les chômeurs de longue durée. Parallèlement, en désintégrant le filet social pour ses citoyens, la droite a mis sur pied un filet social pour les grandes entreprises. UBS a pu, grâce à l’aide de la Confédération, grâce à l’argent des citoyens, renflouer ses caisses et planquer ses actifs pourris dans un autre paradis fiscal. « Pour sauver le système » nous ont rabâché les bourgeois. On a vu comment. La banque refait des bénéfices et reversent des bonus à ses dirigeants. Pendant ce temps, l’économie « normale », celle qui fait vivre les gens, continuent à sombrer, avec son cortège de perdants.

Pas besoin d’aller aussi loin pour voir à l’œuvre cette même droite qui dit publiquement vouloir aider la population, mais qui fait l’inverse lorsqu’il s’agit de gérer le budget ou de changer les lois. Le Conseil d’Etat a décidé de faire des économies. Certes c’est louable. Mais à quel prix ? Au prix des limitations des prestations dans les secteurs clés de notre société : l’éducation, l’écologie, le social, la santé. La liste est longue. Et ces économies doivent se faire, de l’avis du Conseil d’Etat, sans que personne ne financent les prestations dont veulent les citoyens. Exit l’idée de changer fondamentalement la fiscalité. Les réformes se feront dans la neutralité… des rentrées fiscales. Alors que la population a voté des mécanismes de freins qui intègrent la notion « d’exceptions » pour situation exceptionnelle, le Conseil d’Etat a remis aux calendes grecques toute suspension des mécanismes pour financer cette crise, pour aider les gens et mettre en place une véritable politique économique anticyclique. Et lorsque nous demandons que soient revus ces mécanismes pour les rendre plus intelligent – économiquement parlant – la droite répond que tout va bien ou qu’il faut sortir du bac à sable. En parlant de bac à sable, c’est sans doute le Conseil d’Etat qui devrait tenter d’en sortir. Entre fuites (médatiques) et querelles de gamins, « notre » gouvernement renvoie à la population l’image d’un canton désuni et incapable d’entrevoir les véritables enjeux de notre temps. C’en est pitoyable. Ils réforment sans s’inquiéter des conséquences de ce qu’ils font, ils passent plus de temps à renverser ce qu’on bâti leurs prédécesseurs qu’à innover véritablement.

Ce que veulent les Verts, ce sont de véritables innovations. Des innovations sociales. Des innovations écologiques. Pas de nouveaux véhicules financiers qui plongeront le monde dans de nouvelles crises écologiques, sociales et économiques. Les réformes doivent être au service des femmes et des hommes, elles ne doivent pas permettre à une minorité de s’enrichir à court terme pour quitter le navire avant qu’il coule, avec le magot. Il y a exactement une année, nous avons proposé un véritable plan pour tenter de sortir de la crise économique. Certains investissements ont été faits, grâce notamment à Fernand. Mais le système financier n’a pas été réformé et les économies ont été faites sur le dos des plus faibles.

Durant cette année, nous aurons tout loisir de montrer pour quelles innovations nous tenons. D’abord ces prochaines semaines dans le cadre de la récolte de signature pour contrer les réformes inhumaines de la LACI, pour laquelle je vous demande à tous une forte mobilisation. Cette année, nous espérons aussi que le Conseil d’Etat remettra l’ouvrage sur le métier dans le cadre de la Loi sur l’énergie. Nous devrons être actifs pour que cette loi ne soit pas un inutile ramassis de demi-mesures. L’urgence écologique nous impose d’être ambitieux. Le Conseil d’Etat va lancer à vive allure son train de réforme pour le redressement des finances. Nous devrons également être vigilants, parce que l’année écoulée nous a montré tous les dangers que représentent les réformes lorsqu’elles sont imaginées par le gouvernement.

Ce "discours" a été prononcé samedi matin à l'AG des Verts du canton de Neuchâtel.

« Assurance-chômage, quatre jours pour dire non... Référendum LACI - Signez et renvoyez! »