Le patrimoine de La Chaux-de-Fonds mérite son musée. Maintenant.
Le problème est récurrent, et pénible. Dans une société où les finances priment sur le plaisir, l’émotion, ou parfois même sur les nécessités les plus élémentaires, la place (dé)laissée à la culture se réduit comme peau de chagrin. Dans ce monde financier, il n’est jamais opportun d’investir pour mettre en valeur notre patrimoine, parce que les finances ne vont jamais assez bien ou parce que ce n’est pas une priorité face à d’autres investissements beaucoup plus importants (routes et tuyaux?)
Avec son opposition au projet de rénovation du Musée d’histoire de La Chaux-de-Fonds, l’UDC démontre une fois de plus son incapacité à avoir une quelconque vision, à force d’avoir le nez planté dans les bilans financiers. Aux yeux de ses membres, notre patrimoine se réduit à sa seule valeur marchande. Quitte par exemple à vendre un tableau lorsque la fortune de la collectivité diminue. L’absurdité à son comble, y compris en termes financiers (mais l’extrême droite n’en est pas à une contradiction près).
Le Musée d’histoire a non seulement sa place dans le paysage culturel chaux-de-fonnier, mais peut-être même une place particulière suite à l’inscription des deux villes du Haut au Patrimoine mondial. Sans notre riche histoire collective, l’UNESCO ne nous aurait jamais offert sa bénédiction. La ville de La Chaux-de-Fonds n’est pas belle en soit (hormis sans doute aux yeux de ceux qui y ont vécu trop longtemps) mais exceptionnelle si l’on mélange son urbanisme particulier et son histoire singulière.
Cette histoire mérite d’être mise en valeur autrement qu’elle ne l’est actuellement. Surtout, elle mérite d’être exposée dans un cadre muséographique, pas uniquement sous l’angle marketing de la halle aux enchères. Un musée n’est pas un ramassis d’objets hétéroclites sans lien entre eux. Un musée raconte une histoire, il met en scène les objets pour les faire parler, pour mettre en valeur et rendre accessible le savoir amassé par des générations de chercheurs et d'amoureux du patrimoine.
Dire qu’il suffit d’aller consulter les ouvrages disponibles à la bibliothèque de la ville tient de la bêtise ou, sans doute plus justement, de la mauvaise foi. Je me réjouis de voir des classes entières s’entasser dans la salle de lecture pour consulter un Raoul Cop !
Notre histoire a forgé notre identité individuelle et collective. Elle est vivante parce que nous continuons à l’écrire ; elle est vivante aussi parce que nous reconnaissons notre passé pour le perpétuer.
Notre histoire mérite un écrin à la hauteur de sa valeur, investir trois millions pour cela est justifié et indispensable. Maintenant.

