Le dernier des Mohicans prend la porte

Cette fois, la rupture avec l'ancienne structure de gestion d'Hôpital neuchâtelois est consommée. Le directeur suit de près la plupart des membres du Conseil d'administration, pour des soit-disant divergences de vue avec le Conseil d'Etat, plus particulièrement Gisèle Ory. Il en profite pour balancer quelques vannes. Au nouveau Conseil d'administration d'abord qui "n'a aucune expérience dans le domaine de la gestion hospitalière", les principaux intéressés apprécieront. Non sans d'ailleurs envoyer quelques fleurs à son ancienne équipe qui "a fait du bon travail". Et d'ajouter qu'il "ne vois pas pour quelles raisons on ferait autrement que ce qui se fait partout ailleurs." Circulez, tout va bien.

Sauf que cette vision du "ici comme partout ailleurs" n'a aucune chance d'aboutir dans le canton de Neuchâtel. Certes il faut économiser pour réduire les coûts de la santé, histoire de diminuer la facture de soins des neuchâteloises et neuchâtelois, et la part du budget de l'hôpital qu'il verse à travers leurs impôts (195 millions de francs en 2010). Mais un hôpital public n'est pas une clinique privée. Et lorsque la population soutient pas moins de quatre initiatives, la direction d'une institution comme HNe se doit d'être à l'écoute plutôt que de fréquenter les salons feutrés des colloques de Santésuisse.

La Loi sur l'EHM, acceptée par le peuple en 2005, fixe le cadre dans lequel s'inscrit le travail de la direction d'HNe. A son article 13, il est en particulier mentionné que le Conseil d'Etat définit les missions de l'EHM pour chaque hôpital de site et veille à la conservation de l'importance relative des sites et à l'égalité entre les régions. Ces deux points principaux de la gestion politique de l'hôpital ne sont donc pas du ressort de la direction qui, toujours selon la loi, exerce la direction opérationnelle de l'EHM.

La direction et l'ancien Conseil d'administration auraient sans doute du relire plus souvent la loi qui les guide, loi qui a été acceptée par une large majorité de la population neuchâteloise. Espérons que la nouvelle direction aura plus à coeur d'écouter la population, le Grand Conseil et le Conseil d'Etat et mette en oeuvre ce que nous lui demandons plutôt que de s'enfermer dans sa propre manière de voir. Sans quoi la réforme continuera de s'enliser dans les querelles de clocher.

Lire à ce propos aussi l'excellent (et caustique) texte sur le blog de la TSR.

« Le patrimoine de La Chaux-de-Fonds mérite son musée. Maintenant. Au-delà du volcanisme »