Hainard et Voumard, même combat !

Voumard a donc fermé son site d'Hauterive, virant par la même occasion 94 neuchâteloises et neuchâtelois. Le site internet de l'entreprise le clame haut et fort "We are precision", "and speed" j'ajouterais. Le licenciement du personnel s'est fait à l'arrache, les employés ont été priés de quitter l'entreprise définitivement le soir-même. Plan social ? On verra...

Frédéric Hainard, notre impulsif ministre de l'économie, s'est fait un plaisir d'envoyer valser les imprudents dirigeants (américains) de la boîte dans l'édition de samedi de l'Impartial/l'Express. Réponse du berger à la bergère dans l'édition d'aujourd'hui des mêmes quotidiens : "M. Hainard cherche une histoire pour faire diversion à ses problèmes". Prends ça ! Bonjour l'ambiance (un brin populiste) qui règne entre l'économie et le ministre censé l'aider.

Ce conflit entre le politique et l'économie tombe bien, à quelques semaines du traitement par le Grand Conseil du projet de réforme de la fiscalité des entreprises et de leurs actionnaires. Cette réforme a en effet pour objectif de "relancer notre politique de promotion de l'économie cantonale, en offrant de nouvelles conditions-cadres qui doivent favoriser l'implantation de nouvelles entreprises et le développement des entreprises existantes." Lire : baisser les impôts pour rattraper le train infernal de la compétition intercantonale et tenter de rester compétitif en attendant d'être rattrapé. L'entreprise Voumard  - elle a été créée dans le canton, mais s'est vue racheter comme tant d'autres par une concurrente étrangère - entre parfaitement dans cette manière pas vraiment nouvelle qu'à le canton d'attirer des entreprises qui n'existent que le temps que nous soyons concurrentiels et qui, lorsqu'elles partent, laisse derrière elle un cortège de chômeuses et de chômeurs.

Malgré ses airs de vierge effarouchée, le Conseil d'Etat connait parfaitement le fonctionnement économique : "[la] mondialisation est devenu une réalité qui touche tous les aspects de la vie des peuples et des pays. [Elle] a aussi modifié progressivement, sans qu’on s’en rende toujours bien compte, le fonctionnement général de l’économie. Les entreprises sont devenues beaucoup plus mobiles; la concurrence les conduit à devoir examiner quasi en permanence leurs lieux d’implantation et les conditions-cadres qui leur sont offertes ou proposées" peut-on lire dans le rapport à l'appui de la réforme de la fiscalité.

Le Conseil d'Etat neuchâtelois a pris la décision de s'inscrire dans la concurrence intercantonale et internationale, qu'il n'aille pas se plaindre parce que certaines entreprises du canton ont la même vision que lui... Monsieur Hainard va-t-il défendre une entreprise fribourgeoise - ou mieux, allemande - qui délocaliserait à Neuchâtel en vertu de sa nouvelle fiscalité? Ou s'en réjouir?

Soit on est intègre jusqu'au bout en refusant de s'inscrire dans le processus de compétition, en particulier fiscale, soit on accepte les règles du jeu jusqu'au bout... Le reste relève du populisme.

Débat à Forum (RSR) du 17 août 2010

« NON à la révision de la Loi sur l'assurance chômage Lettre à un industriel de la région sur la fiscalité »