Le problème d'HNE, c'est sa gouvernance
HNE a fondamentalement un problème de gouvernance. Personne ne sait qui commande quoi, qui, comment et pourquoi. Retour sur quelques événements qui laissent penser qu'une réforme s'impose - depuis longtemps.
Voilà à quoi pourrait ressembler une discussion sur le fonctionnement des hôpitaux. Sans doute autant au café du commerce que dans les travées du Grand Conseil.
- C'est Kurth qui veut fermer l'hôpital de la Tchaux? - Non, je crois pas, c'est la direction. - Ah bon, c'est qui la direction? - Ben, le Conseil d'administration. - T'es sûr? - Non
HNE a un sérieux problème de gouvernance - et donc de communication. Vous imaginez, vous, que la direction d’une entreprise puisse présenter un budget, qu’il soit refusé par le Conseil d’administration (alors que l’année a déjà commencé) et que ces derniers s’empressent d’aller vanter à la presse ce coup d’éclat? Moi pas trop. C’est pourtant ce qu’il s’est passé en ce début d’année au sein d’HNE.
Suite à ça, c’est dans une information brève que le Conseil d’Etat communique la suspension des travaux de rénovation du site chaux-de-fonnier. Il ne donne ainsi pas suite à une demande (conformément à la loi) de la direction et du Conseil d’administration de pouvoir investir les 35 millions de francs prévus par les options stratégiques. Et si vous pensiez avoir tout lu, et bien non : ce refus a été salué par le directeur d’HNE! Vous imaginez, vous, faire une demande et vous réjouir qu’elle soit refusée? On se demande pourquoi la direction n’a pas applaudit le refus de son budget par le Conseil d’administration…
Dernier acte il y a quelques heures. La direction et le Conseil d’administration d’HNE demande de pouvoir fermer le bloc opératoire à La Chaux-de-Fonds la nuit et le weekend. Cette demande est adressée au Conseil d’Etat. Comme si le gouvernement n’en savait rien, comme s’il devait refléchir, celui-ci répond par un hallucinant communiqué qui prend acte de la demande. En ajoutant qu’il rencontrera la population et soumettra si nécessaire lesdites options au Grand Conseil. Voilà qui devrait clarifier la situation…
Dans un récent rapport d’information de la commission santé du Grand Conseil, on peut lire quelques perles : “le moment est mal choisi pour envisager une telle remise en cause du système de gouvernance [la suppression du Conseil d’administration] lorsque l’on peut constater un apaisement ces derniers mois dans le dossier de l’HNe.” LOL comme dirait l’autre. Si vous avez le courage, vous pouvez lire la réponse du Conseil d’Etat. Circulez, tout va bien : les problèmes viennent de la “difficulté du Grand Conseil à assumer pleinement le choix de faire de l’institution HNE un établissement autonome”. On croit rêver au vu de ce qui précède.
Ces errances démontrent la nécessité de réformer la gouvernance d’HNE, sans attendre.
PS : Si je reviens prochainement sur le sujet HNE, nous pourrons parler finances. Le refus du budget de l’établissement n’est pas en soit étonnant. Lorsque l’Etat vous demande depuis 3 ans d’économiser 5 millions par année, qu’en même temps il vous impose une recapitalisation de la caisse de pension qui coûte des millions, sans compensation et qu’en plus il vous demande de respecter des options stratégiques dont tout le monde savait qu’elles ne seraient pas gratuites, pas étonnant que ce soit difficile de présenter un budget équilibré. Sans compter que l’Etat a autonomisé HNE sans lui donner de marge de manoeuvre financière : ce sont près de 200 millions de francs de cautionnements divers et variés qui seront votés prochainement par le Grand Conseil. Des cautions qui ne serviront qu’à assainir le bilan et donner à HNE la possibilité d’emprunter…
PPS : c’est chose faite : l’article sur les problèmes de financement de HNE est en ligne.