L'Etat malmène les finances d'HNE

Dans la série HNE a fondamentalement un problème, passons aux finances. Depuis sa création, HNE a toujours eu la tête sous l'eau. Et l'Etat a toujours tout fait pour l'empêcher de souffler.

Vous avez tellement aimé le premier volet de la série sur la gouvernance que je vous livre, comme promis, le deuxième volet sur les finances de l’hôpital. Comme dans toutes les privatisations de l’Etat de Neuchâtel - qu’on appelle autonomisation parce qu’elles ont en partie été initiées par la gauche - HNE a été créé sans qu’on lui donne les moyens d’exister. Les soins à domicile (NOMAD), le Centre neuchâtelois d’intégration professionnelle (CNIP) ou encore le Centre neuchâtelois de psychiatrie (CNP) sont passés par là: ils ont dû débuter avec des caisses vides, des dettes qui font fuir les banquiers, et l’Etat qui exige des économies structurelles avant même qu’il y ait une structure.

Si vous demandez à un “responsable” (choisissez bien) de HNE pourquoi l’institution est dans la panade, il vous répondra que c’est la faute du nouveau financement fédéral des hôpitaux. En gros, pour les hospitalisations normales, l’Etat paie 55% de la facture, le reste étant à charge des assureurs-maladie. Et avec l’ouverture de la concurrence entre les cantons, les hospitalisations hors canton sont maintenant également à charge des cantons de résidence - des charges que payaient auparavant les assurances complémentaires. L’objectif de ces réformes initiées sous Pascal Couchepin est la fermeture de 200 hôpitaux en Suisse sur 350.

La réalité est moins glamour, et plus cantonale. L’Etat de Neuchâtel n’augmente plus depuis des années sa subvention annuelle à HNE, malgré l’augmentation des coûts liés aux améliorations techniques et à la démographie. En 2015, cette subvention est même diminuée de 2,3 millions de francs. HNE doit donc économiser pour financer son développement et l’augmentation de son activité.

Ce n’est pas tout. Depuis 2013, HNE doit participer à la recapitalisation de la caisse de pension. A cause de cela, les comptes de l’établissement ont été déficitaires de plus de 30 millions en 2013. A cela s’ajouteront chaque année des millions en charges sociales supplémentaires. Et si ça ne suffisait pas, l’Etat ne compense pas un centime sur ces montants: ce sont des économies supplémentaires qui doivent financer ces charges supplémentaires, pourtant imposées par l’Etat.

C’est tout? non. L’hôpital a été condamné par le Tribunal fédéral pour inégalité de traitement salarial au moment de l’introduction de la convention collective de travail santé 21. Il a dû payer plus de 5 millions de francs et devra absorber l’augmentation des charges qui accompagne les adaptations de salaire. C’est normal, mais est-ce la faute de HNE? Quelle est la responsabilité de l’Etat? En tout cas, HNE a dû faire des économies pour absorber ces charges.

C’est tout? non. Il reste la problématique la plus importante: HNE est tenu (censé serait plus approprié) de respecter le vote du peuple neuchâtelois qui a accepté les options stratégiques. Personne n’a dit que ce serait gratuit. Personne n’a dit que conserver deux hôpitaux de soins aigus et 5 sites annexes, avec la volonté de garantir “l’équilibre entre les sites de La Chaux-de-Fonds et de Pourtalès, en termes de nombre de lits de soins aigus, de patients, de postes de travail et de places de formation.” (Art. 2 al.3 LEHM) ne coûterait rien. Et pourtant, l’Etat n’a pas donné un centime supplémentaire à l’institution pour assumer les tâches qu’exigent les options stratégiques. Pour y parvenir, HNE doit - wait for it - économiser.

Vous avez bien lu: toutes les charges supplémentaires, pourtant souvent imposées par l’Etat ou du moins par sa faute, ont été financées par des économies. Dans ces conditions, il n’est pas difficile de comprendre que l’institution ne puisse pas respecter son mandat et la législation.

Si HNE est dans la panade, et avec lui l’ensemble du personnel et de la population des Montagnes, c’est aussi parce que l’austérité est passée par là.

A noter encore que l’Etat s’apprête à faire pour HNE ce qu’il a fait pour les autres entités autonomisée: assainir le bilan et cautionner pour permettre à HNE d’aller à la banque. Mais il ne fait rien gratuitement, HNE devra payer des intérêts sur les cautions. Et je vous ai passé quelques supléments de charges comme les retards d’amortissement liés au nouvelles normes comptables (boum 18 millions), etc.

« Le problème d'HNE, c'est sa gouvernance Et si nous acceptions la faillite d'HNE »