Et si nous acceptions la faillite d'HNE
Tous les signaux sont au rouge, le modèle de l'établissement hospitalier multisite est un échec total. La faillite n'est pas seulement économique, elle est morale et politique. Il est grand temps de passer à autre chose.
Le modèle HNE sera toujours bancal. Comme je l’ai rappelé dans deux posts précédents, l’institution a un problème de gouvernance et un problème financier. J’irais presque jusqu’à dire que le monde politique a sciemment maintenu l’institution sous pression pour imposer des réformes dans le dos d’une partie de la population. Ce n’est pas une théorie du complot, parce que tout le monde a suivi, moi le premier.
Le Grand Conseil tient entre ses mains le destins de HNE. Il devra en février se prononcer sur un cautionnement de l’institution à hauteur de 200 millions de francs. Sans cette caution, HNE pourrait être dans une situation de faillite. Le Conseil d’Etat estime dans le rapport que le refus du cautionnement aurait pour conséquences que “l’HNE ne [pourrait] ni renouveler ses emprunts, ni réaliser les investissements décidés par le Grand Conseil, faute de pouvoir recourir à l’emprunt”. C’est un aubaine, profitons-en! L’occasion est rêvée de remettre véritablement à plat (comme le souhaite le Conseil d’Etat) la politique hospitalière neuchâteloise et de partir sur de meilleures bases. De toute manière, emprunt ou pas, HNE et le Conseil d’Etat ont déjà décidé que les options stratégiques n’étaient pas applicables.
Ceci met tout le monde dans une situation d’incertitudes? Certes, mais ce n’est pas pire que la situation que nous vivons aujourd’hui. Il faut parfois avoir le courage de repartir de zéro. Pour répondre à Olivier Lebeau :
@ffivaz @dmusy @Pebuss Et donc d'avoir cru une utopie: réveil brutal. Les solutions existent et peuvent même être excellentes pour montagnes
— Olivier Lebeau (@OLebeauNE) 1 Février 2015
Voici une solution. Dans le sillage de la faillite, il faut créer deux entités distinctes, autonomes si nous souhaitons respecter le droit fédéral. Un établissemement hospitalier des Montagnes (et des Vallées), et un du Littoral (et des Vallées). Ce n’est pas du régionalisme stupide, il faut parfois accepter que des antagonismes ne peuvent pas être dépassés (et qu’ils nous dépassent). Chaque établissement devra se doter des services de base: urgences, maternité et médecine/chirurgie. Et en fonction des médecins sur place, des besoins de la politique cantonale, chaque établissement pourra assurer des spécialités. Pour tout le reste, le recours à des hôpitaux hors canton fera l’affaire, c’est déjà le cas aujourd’hui.
Les nouvelles directions pourront mieux prendre en compte les souhaits de la population régionale et des médecins, avec une gestion moins hors sol. Et des rapprochements pourront être réalisés avec les structures privées comme le souhaitait récemment Blaise Courvoisier, pour autant que des règles de concurrence soient respectées (par exemple l’application de de la CCT).
Le monde politique pourra enfin s’affranchir de son rôle sanitaire pour jouer son véritable rôle, politique et législatif: fixer le cadre réglementaire dans lequel évolueront les hôpitaux neuchâtelois (liste hospitalière, définition des prestations d’intérêt général, cadre de cofinancement des prestations, etc.)
Il est encore autorisé de rêver, non?