Lettre ouverte à Christian Levrat
Monsieur le Président du Parti socialiste suisse,
Quelle naïveté de votre part et de la part de votre groupe parlementaire, le deuxième de Suisse. Quel naïveté pour ce Parlement et sa gauche en particulier qui ont préféré Schneider-Amman, un homme en fin de carrière qui s'est trouvé un fauteuil confortable avant sa retraite dorée, plutôt qu'une forte tête venue de l'est du pays. Le site d'Economiesuisse ne s'est pas trompé en écrivant "Avec Johann N. Schneider-Ammann, c'est un représentant avisé de l'économie qui entre au Conseil fédéral. economiesuisse est fière de son vice-président et le félicite pour son élection." Le Conseil fédéral a fait ce matin ce qu'il sait faire de mieux depuis quelques temps : baisser son pantalon. Il a offert l'économie à Schneider-Ammann et à son lobby tutélaire, et vous n'avez rien vu venir.
Après le OUI de hier à la révision de la LACI, le coup est particulièrement dur. Schneider-Ammann se retrouve en effet à la tête du département qui va mettre en place la réforme de l'assurance-chômage. Encore conseiller national, celui-ci a tenté en vain de durcir la révision. Depuis aujourd'hui le loup est donc dans la bergerie. A ceux à gauche qui pensaient qu'il valait mieux un patron mou et sympathique à une femme capable, j'ai envie de dire bien joué!
La question se pose aujourd'hui clairement : notre pays est-il encore gouverné? Et par qui? Qui sera le prochain sur la liste des lobbys qui voudront leur place au Conseil fédéral? L'intérieur à Santésuisse? Les finances à l'UBS et aux autres banques? Le DETEC à Swisscom?
La balle est maintenant dans le camp de votre parti. Il est peut-être temps de quitter le Conseil fédéral. A une année de l'élection générale, vous avez tout à y gagner et presque rien à y perdre. Le courage politique permettra peut-être à la gauche de jouer enfin un véritable rôle d'opposition dans notre pays.